Il est souvent dit que le loup est un prédateur dont les capacités de dispersion sont fortes. L’accouplement, réservé au couple dominant, serait la cause de la dispersion de certains individus. Alors que le taux de reproductions multiples au sein d’une même meute, pourraient être supérieur à 25% en moyenne. Alors que les probabilités pour un individu (mâle ou femelle) de partager ses gènes en meute sont plus fortes, qu’en quittant le groupe. Les études françaises, sur Canis lupus italicus n’existent pas à ce sujet.
Le canidé, dont les moeurs sociales l’amènent à vivre en groupe, le but premier d’un individu étant, de bon sens, d’intégrer la meute qui l’a vu naître, est-il sensible à la pression de chasse exercée par l’homme ?
Le loup n’aime pas être dérangé ! En comparant certaines données, est-il possible de mettre en évidence une ou des corrélations, entre la charge cynégétique exercée sur le canidé et le développement, de ses prédations, de ses effectifs en nombre, du nombre de meutes présentes et des surfaces ?
1) Analyse des prédations sur l’homme sous l’influence de la rage :
Exemple d’une forte pression de chasse, exercée sur le canidé, les effectifs du loup chutent de plus de 60% entre le début de la première période et la fin de la seconde.
Variations en base 100 sur les périodes comprises entre 1796 et 1830 (France)
Courbe bleue : les victimes de morsures de loups enragés.
Courbe rose : le nombre de loups tirés sous prime. (pression de chasse)
(source « L’homme contre le loup », Moriceau, chez Fayard )
Courbe jaune : les effectifs du loup (estimations (1) ci-dessous)
Loups tirés sous prime : variation de 100 à 26, en baisse de 74%
Victimes de la rage par le loup : variation de 100 à 22, en baisse de 78%
Effectifs du loup : variation de 100 à 70, en baisse de 30%
Il est constaté :
En dehors de la première période qui correspond à un processus d’éradication de l’espèce (entre repère 1 et 2), donc à une chute globale de tous les indices.
Quand la pression de chasse exercée sur le loup est en baisse, le nombre de victimes de loups enragés est en chute, alors que les effectifs du loup sont à la hausse.
Quand la pression de chasse exercée sur le loup est en hausse, le nombre de victimes de loups enragés est en hausse, alors que les effectifs du loup sont en baisse.
Autre interprétation :
Quand la pression de chasse exercée sur le loup baisse, les effectifs de loups sont en augmentation, alors que les victimes de loups enragés sont en chute.
Quand les effectifs du loup sont en hausse, les victimes de loups enragés sont en baisse.
Autre présentation.
Violet : évolution du nombre de morsures de loups enragés.
Bleu : évolution du nombre de loups prélevés. (sous primes de l’Etat)
Blanc : évolution des effectifs de loups. ( taux évolution de 13.5% par an)
(1)
nbre
prélèvements
moyen par an effectif évol: 13,5 pc/an
-4590 1801 20000
-386 1806 7630
-1740 1811 11845
-1140 1816 10920
-1714 1821 13110
-886 1826 10530
1830 14035
Sur la base suivante : un effectif de 20 000 individus, dont le taux d’évolution
est 13.5% par an, en moyenne, subissant des prélèvements dont le nombre est connu,
( et censé fiable puisqu’il correspond aux versements des primes) chute de 50%
entre le début de la période 1801 et la fin de la période 1826. Ce qui correspond
idéalement, et dans les faits, à la perte de 50% des territoires par le loup sur la dite
période. (convention : pertes de territoire au niveau national et pertes d’effectif ont la
même signification en taux)
2) ANALYSE DES PREDATIONS SUR LES DOMESTIQUES ENTRE 2004 ET 2012:
(France, en base 100)
En jaune : la pression de chasse sur le loup. (tirs, braconnages, accidents connus)
En bleu : l’effectif du loup. (sources oncfs, les années de régression ne sont pas
retenues pour cause de biais dans les dénombrements, par convention le nombre retenu
est celui du dénombrement précédant, la pression n’étant pas suffisante pour faire
baisser les effectifs)
En rose : le nombre de prédations du loup sur les domestiques. (source Oncfs)
21) ANALYSE DES COURBES :
Une faible augmentation des effectifs entraîne une stagnation ou une faible chute des prédations sur les domestiques en n+1.
(retenue)
Une forte augmentation des effectifs entraîne une faible augmentation des prédations sur les domestiques en n+1 et une forte augmentation des prédations en n+2.
(retenue)
Une faible pression de chasse entraîne une stagnation ou une faible augmentation des prélèvements en n+1. (retenue)
Une moyenne pression de chasse entraîne une stagnation des prédations en n+1.
(retenue)
Une forte pression de chasse entraîne une faible chute des prédations en n+1.
(retenue)
Une faible pression de chasse entraîne une augmentation de l’effectif en n+1.
(retenue)
Une pression de chasse en chute entraîne une stagnation des effectifs de canidés, en n+1.
(retenue)
Une forte pression de chasse entraîne une faible augmentation des effectifs en n+1, suivie d’une forte augmentation en n+2.
(retenue)
22) Comparons les effectifs aux prédations :
En rose les prédations du loup, en bleu, les effectifs du canidé.
Une stagnation des effectifs entraîne une hausse ou une baisse des prédations sur les domestiques en n+1.
(hypothèse non retenue) Quelles sont les causes ? (voir les conclusions)
Une faible augmentation des effectifs entraîne une stagnation ou une faible chute des prédations sur les domestiques en n+1
(retenue)
Une forte augmentation des effectifs entraîne une faible augmentation des prédations sur les domestiques en n+1 et une forte augmentation des prédations en n+2
(retenue)
23) Comparons les prédations à la pression de chasse sur le canidé
En rose, la pression de chasse sur le canidé, en bleu les prédations (nombre de
tentatives de prélèvements du loup)
Une faible pression de chasse entraîne une stagnation ou une faible augmentation des prélèvements en n+1
(retenue)
Une moyenne pression de chasse entraîne une stagnation des prédations en n+1
(retenue)
Une forte pression de chasse entraîne une faible chute des prédations en n+1.
(retenue)
24) Comparons effectifs du loup et pression de chasse sur le canidé :
En rose, la pression de chasse sur le canidé, en bleu l’effectif du canidé
Une faible pression de chasse entraîne une augmentation de l’effectif en n+1.
(retenue)
Une pression de chasse en chute entraîne une stagnation des effectifs de canidés,en n+1.
(retenue)
Une forte pression de chasse entraîne une faible augmentation des effectifs en n+1, suivie d’une forte augmentation en n+2.
(retenue)
3) Comparons sur 3 périodes les données suivantes :
autorisations de tir
et pression de chasse exercée sur le loup,
évolution du nombre de zpp organisées en meute
et nombre de prélèvements sur les ovins.
( 2005/2009, 2009/2011, 2011/2012)
En jaune, le nombre global d’autorisations de tirs sur le loup
En bleu ciel, le nombre de victime du loup
En bleu foncé, le nombre de zpp organisée en meute
En rose, le nombre de tirs, braconnages et accidents connus
4) CONCLUSIONS :
En dehors du fait probable que des tirs non raisonnés et déstructurant peuvent provoquer certaines années, des reproductions multiples, au sein d’une même meute. Le phénomène de dispersion du loup au 18éme et 19éme siècle orchestré par le versement de primes afin d’éradiquer l’espèce a engendré un grand nombre de morsures de loups enragés sur l’humain. On observe, en étudiant les courbes, une baisse des morsures dues à la rage quand les effectifs du canidé sont en augmentation.
Les crêtes qui désignent le plus grand nombre de morsures correspondent aux périodes ou le loup est soumis plus largement à une forte pression de chasse. ( près de 23 000 individus tirés sur la 1ère période, correspondant à la plus forte période de morsure sur l’humain, par des loups enragés, 413 sur la même période) Les tirs dispersent le loup et le phénomène de la rage, ce qui entraîne un plus grand nombre de victimes humaines.
1)Peut-on déterminer une correspondance entre la pression de chasse exercée sur le canidé et le nombre de prélèvements sur les domestiques ?
Sauf à prouver que les dénombrements de l’Oncfs comportent des biais énormes, entre 2004 et 2012 il est troublant de constater qu’une évolution lente des effectifs du loup n’entraîne pas une évolution forte des prélèvements sur les domestiques.
Plus surprenant encore ( pour certains, certainement) les pressions de chasse exercées ( tirs, braconnages, accidents connus) n’ont que peu ou pas d’impacts, à la baisse, sur le nombre de prédations domestiques. Il s’avère qu’une pression de chasse en régression implique une baisse des victimes domestiques du grand prédateur.
De même, une pression de chasse, plus forte, comme depuis quelques années entraîne une faible diminution des prélèvements à court terme. (N+1) Tout au contraire, de ce qui se développe alors sur le moyen terme !
Les tirs dispersent le loup qui accède à de plus nombreux potentiels de proies et participent donc à la l’augmentation du nombre de prélèvements sur les domestiques sur le moyen terme. (N+2 N+3)
Beaucoup plus inquiétant pour les éleveurs, les variations, à la hausse, de la pression de chasse exercée sur le loup se traduisent systématiquement par une augmentation des effectifs du loup en N+1, voire par une très forte variation, à la hausse en N+2.
Les tirs dispersent le loup qui accède à de plus nombreux potentiels de proies et de congénères de sexe opposés et participent donc à l’installation de meutes. L’analyse qui présente 3 périodes de références (2005/2009,2009/2011, 2011/2012), fait ressortir que plus la charge (pression de chasse et autorisations de tirs) exercée sur le loup est forte, plus le nombre de victimes domestiques est élevé, plus le nombre de zpp organisée en meute est élevée.
2) Prospectives sur les 4 années à venir dans une optique de radicalisations des tirs :
En prélevant 15 canidés par an, et en doublant le nombre d’autorisations de tirs (global) durant 4 années consécutives, ce qui correspond à une forte charge sur l’espèce:
Compte tenu d’un niveau de braconnage en stagnation, vraisemblablement, les résultats induits seraient probablement les suivants:
Un effectif en hausse de 100% soit environ 500 canidés en N+4.
Un doublement du nombre de Zpp organisées en meute. (48, en N+4)
Un doublement du nombre de domestiques prélevés par le loup. (6000 en N+4)
Un doublement du nombre de départements investis par le canidé (28 en N+4)
Qui veut assumer? (voir les courbes ci-dessous)
JLV
En bleu ciel, l’effectif de loups, en rose les prédations sur domestiques, en bleu et jaune, la charge cynégétique sur l’espèce.
JLV