En premier lieu, soulignons quelques contradictions que les éleveurs subissent du fait d’une gestion des espaces disponibles exercée, par les pouvoirs publics et la législation, sans aucune ambition à moyen terme :
L’éclatement des îlots ( partie d’une zone de parcage des ovins ou autre domestique sur une surface dédiée à plusieurs éleveurs), a pour conséquence de retrouver des aires réservées à la fenaison dans les zones d’estive, alors que certains éleveurs se croisent dans un même vaste secteur, lorsqu’ils déplacent leurs bêtes ou leurs ambitions.
La gestion des estives, en rapport avec l’éclatement des surfaces lors du décès d’un propriétaire terrien engendre une situation complexe dans laquelle l’éleveur doit parfois s’adresser à cinq propriétaires différents afin d’assurer le parcage de ses bêtes.
Le nombre important de propriétaires terriens, accentués par le développement inconsidéré de l’habitation secondaire, au taux d’occupation faible, depuis de nombreuses années, engendre des exigences variées vis à vis des éleveurs ( odeurs, chemins clos, incompréhensions, bosquets d’arbres à préserver, etc…). Tout en accentuant une concurrence sur les terrains disponibles qui ne permet pas les accords nécessaires à une gestion intelligente des sites, qui permettrait un regroupement des surfaces qui soient, de plus, proches des exploitations agricoles.
Les surfaces nécessaires, par exemple 85 ha pour élever dans le respect de qualités reconnues, 800 brebis et agneaux, en saison, sont importantes, l’organisation poussée de la gestion du paysage semble indispensable à la présence du canidé. Une remise en cause évidente des pratiques anarchiques indispensables, maires, conseillers, législateurs, éleveurs, sont tous concernés.
Les contraintes sont donc nombreuses, face au retour du loup.
Le manque total d’anticipation, (je passe sur le déni du loup) la méconnaissance du fonctionnement de l’espèce, en zone anthropique, conjuguée à une pullulation de gibier, révèlent les dysfonctionnements d’une gestion administrato-étatique inadaptée à l’exploitation des surfaces disponibles. Et à la protection des troupeaux, qu’ils soient ovins, caprins ou bovins qui seront peut-être à l’actualité cet été. A force de ménager la chèvre et le choux, la survie des deux semble compromise.
Les éleveurs ont donc tout intérêt à pouvoir exercer leur profession aux abords de leurs exploitations, encore faut-il que les pouvoirs publics gèrent les surfaces de manières raisonnées et surtout concertées, certain tabou à propos du sol ( de la terre) doivent également tomber, afin de travailler en bonne intelligence.
Pour ce faire un défrichage salvateur est donc nécessaire, certains éleveurs s’y exercent sans moyen matériel important alors que certains services d’état ( Onf, Dde, Génie absents du comité loup de la préfecture vosgienne…) possèdent, les outils et matériels ( sous exploités), les capacités de mise en œuvre importantes, utiles à une réorganisation rapide de l’exploitation des surfaces ! Dans l’attente, le statu-quo semble être le suivant :
Tant que les éleveurs n’auront pas obtempérés aux consignes résultant d’une étude de vulnérabilité ( obligatoire mais tout aussi inutile), en particulier la pose d’enceintes électrifiées de forte hauteur, par ailleurs, à mon sens, totalement obsolète en l‘état ( la réflexion me semble, devoir, être plus globale), la préfecture ne sera pas disposée à s’investir plus à même ! Une formation au chien de protection, en particulier le patou, étant dispensée le 4 avril prochain, par la chambre d’agriculture, alors que les fonds nécessaires à l’acquisition des chiens, ne sont pas débloqués, alors
qu’une réflexion générale, sur la protection des troupeaux, donc du loup, spécifiques aux domaines vosgiens n’est pas mise en œuvre !
Autant poser un emplâtre, sur une jambe de bois !
Il faut souligner, à ce titre :
le manque total ou presque de terrain plat, l’affleurement de la roche sur de nombreuses parcelles qui ne permettent pas, sans matériel important ( disponible dans les services de l’état), de poser autre chose que du filet à chèvre. Le dispersement des îlots, finalement organisé, par les pouvoirs publics. La législation complexe et contraignante, la gestion des chemins plus ou moins adaptées ou respectées, alors que l’occupation du bâti, hors tourisme est faible, le coût du matériel nécessaire au défrichage, 40 000 euro, pour faire de l’herbe, certaines contraintes exercées par l’Onf, en recherche de rentabilité, excluant le premier impératif à la protection des troupeaux :
la diminution du nombre d’îlots, indispensable à une protection des bêtes, en accord avec la qualité du produit recherché par le consommateur final et l’objectif d’entretien du paysage et de la gestion de la ressource « herbe »… !
Que de temps perdu !
jlv