Carnet d'Estive en Vercors.1

La remontée de la piste, au départ de Corrençon, n'est pas vraiment, une partie de plaisir. Le 4x4 peine à franchir les pentes abruptes légèrement ravinées par les orages de la semaine dernière.

Ma destination est le chalet de la Combauvieux, mi cabane, mi chalet, sans eau potable, sans 220 V, construction aménagée et meublée sommairement, pour l'inconfort du berger. Deux panneaux solaires distribuent une alimentation électrique qui permet de s'éclairer, une citerne collecte l'eau de pluie, et j'échappe à la corvée d'eau potable, deux réservoir de 30 litres sont en place avant mon arrivée tardive. Nous ne sommes pas coupé du monde, il faut cependant gravir une crête pour obtenir un peu de réseau sur le gms. Les toilettes sont spacieux, de fait, la nature est à nous ! Oubliez de couvrir ses besoins naturels, à l'aide de pierres, implique de devoir laver les chiens, qui n'hésitent pas à se rouler dans les odeurs, mêmes humaines. La salle de bain se trouve à coté des toilettes, dehors donc, face au Parc national du Vercors. Le tableau est dressé, j'espère qu'il vous convient, nous allons passer une bonne dizaine de jour, en estive, avec Mathieu, berger professionnel, Enzo, le Patou, Gina le berger des Pyrénées et Eden, jeune border de 10 mois à l'apprentissage. Le border expérimenté de Mathieu a déroché, en traquant du gibier, l'année dernière. La montagne ne permet pas beaucoup d'erreurs, même pour le chien de conduite. Cléo, chien de Crau croisé, s'est éteinte cet hiver, voilà pour les mauvaises nouvelles qui font partie de la vie et du métier de berger aussi. J'oubliais Moby, mon fidèle compagnon, qui se prend déjà pour un chien de conduite. Il comprendra plus tard que la montagne n'est peut-être pas son univers de prédilection.

Mardi 23 juillet :

Après la chôme, les brebis descendent tranquillement, vers le bas du cirque de la montagne de Lans, le Pas de l’œil et la Petite Moucherolle dominent le paysage, plus à l'ouest, l'Aiguille s'enfile vers le ciel. Au sud-est la grande Tête de l'Obiou émerge au dessus des crêtes. Il fait chaud, mais les brebis font leur ventre. Un parc de nuit se trouve à quelques dizaines de mètre de la cabane, un autre plus petit, sous les fenêtres permet au berger de quitter les lieux, le temps du ravitaillement à Corrençon ou à Villars de Lans.

Il y a bien longtemps que le berger ne se nourrit plus de lait et de pain et c'est tant mieux. Vers 19h00, afin de pousser petitement, brebis et agneaux, vers la pente, nous descendons le cirque pierreux. Suivant les chiens et en particulier Enzo, après avoir orienté les meneuses, le Patou nous mène à un filet d'eau, au pied d'une falaise. Cet écoulement est connue de la faune sauvage, les plantes fleurissent encore abondement, la nature a toujours un mois de retard sur la saison. Long hiver oblige. On y trouve des orchidées et des ancolies.

Trois bouquetins patientent sur les chiens qui passe tour à tour à la source, Gina s'assied sur une roche plate et observe le manège des chèvres sauvages qui ne semblent pas inquiètent. Les randonneurs, je l'ai constaté sont souvent présents avec un chien, sur le GR. Les chiens du pâtre, par ailleurs, n'ont jamais cherché à approcher le sauvage.

A 20h30, les bêtes sont contenues dans l'enclos électrifié. Une double clôture ferme le parc, sur le haut, volontairement placé sur une pente. Mathieu a connu le loup, même si le prédateur n'est plus présent, sur le secteur, depuis quelques années, la prudence s'impose. Le Patou n'est pas enfermé avec les bêtes, car le risque de prédation est faible. L'ennui, chez ce chien protecteur, est une source de démotivation, cependant la charge du Montagne des Pyrénées reste toujours impressionnant, j'en ai fait l'expérience, un jour de tempête.

Reste à préparer le repas du soir, au feu de camp, afin de profiter du ciel étoilé. Coucher 23h15, prise de notes et lever prévu à 6h00. Demain est un autre jour.

jlv